Présentation

"Le vol en montagne en hélicoptère : une expérience technique et immersive"

Le vol en montagne en hélicoptère est une discipline particulièrement exigeante qui requiert à la fois une maîtrise technique approfondie et une grande capacité d’adaptation. Contrairement au vol en plaine, les opérations en altitude sont soumises à des contraintes spécifiques : densité de l’air réduite, vents, turbulences, zones de poser exiguës et reliefs accidentés.

Ayant eu l’opportunité d’effectuer plusieurs vols en montagne en R44 avec un instructeur et des vols avec passagers dans le massif du Mont Blanc, j’ai pu vivre directement ces difficultés et apprendre à les gérer.

Posés sur des sites emblématiques comme Courchevel, Méribel, Megève et diverses altisurfaces avec la gestion des altitudes maximales du R44. Ces expériences ont été enrichie par mes connaissances en parapente, qui m’ont donné une lecture fine des masses d’air et des effets, ainsi que par mon expérience en tant que pisteur-secouriste, qui font de la montagne un terrain que je connait depuis longtemps.

Préparation

La préparation d’un vol en montagne est une étape cruciale qui conditionne la sécurité et la réussite de la mission.

Avant chaque vol :

  • Analyse météorologique : En montagne, la météo peut changer rapidement, avec l’apparition de vents forts, instabilité, turbulences, brouillard ou précipitations. L’anticipation des conditions aérologiques est donc primordiale.

  • Planification de l’itinéraire : L’altitude, le relief et les zones de turbulence connues sont pris en compte pour établir une route sécurisée et identifier des points d’atterrissage de secours en oubliant jamais la puissance nécessaire.

  • Calculs de performance de l’hélicoptère : En altitude, la portance et la puissance moteur diminuent. Il est donc nécessaire d’adapter la charge utile, la gestion du carburant et les paramètres moteur en conséquence.

  • Briefing : Chaque vol est précédé d’un briefing pour définir les objectifs, qu’il s’agisse d’optimiser les techniques d’approche, d’améliorer la précision des posés ou de mieux gérer les situations complexes en vol.

Déroulement

Lors des vols effectués, nous avons travaillé différentes phases techniques spécifiques au vol en montagne.

Montée et gestion de l'altitude

  • L’un des premiers enseignements du vol en montagne est la gestion de l’altitude et de la puissance moteur. À mesure que l’hélicoptère grimpe, la densité de l’air diminue, affectant la portance et la réactivité de l’appareil. La montée doit être régulièrement ajustée pour optimiser la consommation de carburant et assurer une marge de puissance suffisante. Nous avons effectué ces vols en montagnes lors de journées avec une haute pression et de bonnes conditions.

Approches en altitude

L’approche en montagne est une phase cruciale qui exige une grande rigueur et une attention particulière aux différents facteurs environnementaux :

  • Vent et Soleil : analyser la direction et la force du vent permet d’anticiper les corrections à apporter sur le pas collectif et le cyclique. La position du soleil joue également un rôle clé en influençant les contrastes du terrain et en générant des phénomènes thermiques pouvant impacter la stabilité de l’appareil et peut également provoquer un éblouissement.

  • Relief et obstacles : la reconnaissance du terrain est essentielle pour identifier les zones de turbulence, les obstacles naturels (crêtes, falaises) et artificiel et choisir un axe d’approche optimal.

  • Effet de sol et pente : un terrain en pente modifie l’effet de sol, ce qui impacte la stabilité et la puissance de l’appareil au moment du posé.

  • Techniques d’approche : une approche progressive et en observation constante, permet d’adapter la trajectoire en fonction des conditions réelles rencontrées.

  • Utilisation des repères visuels : en l’absence d’horizon clair, l’usage des ombres et des variations de texture du sol permet d’affiner l’estimation de la hauteur et de la vitesse.

Atterrissages

Les altiports de Courchevel, Méribel et Megève, ainsi que les altisurfaces en Savoie et Haute-Savoie, offrent des conditions de posé variées, avec des pistes en pente et des environnements différents.

La précision est essentielle, et chaque atterrissage est une combinaison de gestion du collectif, d’anticipation des effets de site et de finesse dans l’arrondi final.

  • À Courchevel, la difficulté du tour de piste main gauche a été la hauteur importante qu’il a fallu perdre pour ne pas arriver trop haut en finale et pouvoir ralentir la machine sans risquer de passer en vortex.

  • Sur une altisurface en Savoie, nous avons dû effectuer un atterrissage avec un léger vent de dos, qui a dû être travaillé à deux reprises pour ne pas tirer trop de puissance et allumer le voyant “full throttle”.

  • À Méribel, la pente de la piste doit être bien prise en compte pour éviter une approche trop faible due à une illusion d’optique.

  • À Megève, l’approche se fait dans un fond de vallée où il peut y avoir des vents descendants demandant plus de puissance en finale et lors du passage en stationnaire.

  • Sur une altisurface en Haute-Savoie, nous avons travaillé en simulant un manque de puissance en finale, allant jusqu’à faire glisser les patins dans l’herbe pour ne pas tirer trop de puissance.

Gestion du vent et des effets

Le vent est l’un des principaux défis du vol en montagne, influençant directement la stabilité et le contrôle de l’appareil. Grâce à mon expérience en parapente, j’ai acquis une compréhension fine des effets ce qui me permet d’anticiper et de gérer les turbulences en hélicoptère. Voici les principaux aspects à prendre en compte :

  • Les rotors : Ils se forment derrière des obstacles naturels et peuvent déstabiliser l’appareil en approche ou en stationnaire.

  • Les ascendances dynamiques : Présentes en face au vent, elles offrent un supplément de portance mais nécessitent une correction pour maintenir une trajectoire stable.

  • Les courants descendants : Situées en aval des obstacles, elles créent des zones de forte subsidence qu’il faut éviter lors des phases de faible puissance.

  • Les changements de pression : Fréquents à proximité des crêtes et des parois rocheuses, ils peuvent affecter la portance et nécessitent des ajustements rapides au collectif.

  • Les corrections en approche : L’expérience m’a appris à lire les indices visuels du terrain et à adapter les paramètres de vol pour compenser les effets aérologiques.

Une bonne gestion de ces éléments permet d’optimiser la trajectoire d’atterrissage et d’éviter les pièges aérologiques spécifiques au vol en montagne.

Décollage

Le décollage en montagne demande une gestion fine de la puissance et du rotor :

  • Conditions aérologiques : En fonction de la direction et de l’intensité du vent, il peut être nécessaire de choisir une technique spécifique. Par exemple, en cas de vent fort de face, un décollage oblique peut être plus adapté pour profiter de l’effet de sol et minimiser l’impact de la turbulence.

  • Utilisation de l’effet de sol : Tirer parti de l’effet de sol pour optimiser la portance avant d’initier la phase de translation. Cela permet de minimiser la consommation de puissance et de stabiliser l’appareil avant l’accélération ou la prise de hauteur.

  • Technique de décollage : Il faut faire un choix en fonction des éléments. De préférence en décollage oblique pour éviter les obstacles et optimiser l’effet de sol. Selon les performances de l’hélicoptère et la charge utile, il peut être nécessaire d'adopter un décollage plus progressif ou decollage en limite de puissance.

  • Prise en compte du terrain : L’inclinaison de la pente, la nature du sol et la présence d’éventuels obstacles influencent l’axe et l’angle du décollage. Un repérage visuel minutieux et une anticipation des effets aérologiques sont essentiels.

  • Gestion du vent : Adapter la trajectoire en fonction du vent dominant pour éviter les turbulences en sortie de zone et garantir une montée stable.

  • Marge de puissance : Toujours s’assurer d’avoir une réserve de puissance suffisante pour contrer une éventuelle dégradation des conditions ou un besoin d’évitement immédiat.

  • Zone de dégagement : Si possible avoir une zone pour pouvoir initié une approche intérrompue en toute sécurité.

Toutes ces techniques ont été mises en pratique lors de ces différents décollages effectués en vol montagne.

Conclusion

Ces expériences en vol montagne m’ont permis d’approfondir ma compréhension des dynamiques spécifiques à l’hélicoptère en altitude. Elles m’ont sensibilisé aux conditions exigeantes de la montagne, tout en renforçant les connaissances que j’avais déjà acquises grâce au parapente et à mon travail de pisteur-secouriste.

Le vol en montagne est une discipline qui repousse sans cesse les limites du pilotage et exige une rigueur. Chaque vol représente une nouvelle opportunité d’apprentissage et un défi technique, me motivant à poursuivre ma formation et à perfectionner mes compétences afin d’évoluer en toute sécurité dans ces environnements.